Interview

Stéphane Lecrignier, RadioCampus, « Histoire de savoir », mercredi 14 février 2001, 9h10-10h00 et 18h10-19h00.

Entretien avec Alain Dierkens, professeur ordinaire à l’ULB, directeur de l’URHM (Unité de Recherche en Histoire Médiévale) ; Benoît Beyer de Ryke, aspirant du FNRS, secrétaire de l’URHM.

Stéphane Lecrignier : Bonjour ! Soyez les bienvenus pour ce nouveau numéro d’« Histoire de savoir », sur Campus, la radio de la communauté de l’ULB. Stéphane Lecrignier au micro. Je vous propose aujourd’hui de partir à la découverte d’un site internet, un site consacré à la recherche en histoire médiévale. La création de ce site, à la fin de l’année dernière, est une initiative de Benoît Beyer de Ryke, un jeune chercheur que nous connaissons déjà. Souvenez-vous, il était venu voici quelques mois nous parler de son livre consacré à Maître Eckhart. Benoît Beyer de Ryke est aussi le secrétaire de l’Unité de Recherche en Histoire Médiévale (URHM), fondée par Jean-Pierre Devroey et dirigée aujourd’hui par le professeur Alain Dierkens.

Alain Dierkens : L’idée est venue il y a de cela un peu plus de quatre ans maintenant de fédérer en une Unité de Recherche tous ceux qui de près ou de loin s’occupent d’histoire du Moyen Age, et le but était évidemment de rajouter ou d’ajouter aux historiens ceux d’autres sections, d’autres orientations, qui avaient le Moyen Age dans leurs activités. Donc, autour d’un noyau dur, qui a la base était constitué par les médiévistes de l’Université de Bruxelles, s’est ajouté un ensemble d’enseignants, de chercheurs, même d’étudiants en fin de cursus, qui travaillent sur le Moyen Age : donc des historiens d’art, des philologues, des archéologues, des musicologues, des philosophes… En tout cas, c’était le but ambitieux. Alors, dans la réalité, dans la pratique, à côté d’un certain nombre d’historiens, il est vrai que nous avons un très grand nombre d’historiens d’art, et l’un ou l’autre philosophe. Par contre, il faut bien dire que les philologues n’ont pas répondu encore à l’appel autant qu’on aurait pu l’espérer. Alors, le but est donc de discuter ensemble de questions d’histoire médiévale de manière transdisciplinaire, et sortir des habitudes cloisonnées de raisonner sur l’histoire entre historiens, ou d’archéologie entre archéologues. Et donc de susciter des questions, et des questions portant essentiellement sur des points de méthodes qui permettent des réflexions croisées, les plus intéressantes possibles.

Stéphane Lecrignier : Concrètement, comment vit une Unité de Recherche ? Ce sont des rencontres, ce sont des séminaires, ce sont des publications en commun ? Comment cela se passe-t-il ?

Alain Dierkens : Quand le projet de l’Unité de Recherche a été lancé, il a été lancé par Jean-Pierre Devroey qui en a été le premier responsable, l’idée avait été d’abord d’apprendre à mieux se connaître de manière transdisciplinaire et donc surtout de travailler sous forme de séminaires-discussions, avec l’espoir de permettre de faire des naître du choc des idées des synergies. Et donc les premières années de l’Unité de Recherche ont tournées autour d’exposés faits, soit par des enseignants habituels de Philosophie et Lettres, soit par des jeunes chercheurs ou des doctorants, ou de jeunes docteurs, pour donc susciter cette discussion. Dans un second temps, l’idée est évidemment de pouvoir créer un projet de recherche commun sous forme de publications et de colloques. Et c’est ce à quoi nous essayons de travailler maintenant.

Benoît Beyer de Ryke : Je suis effectivement secrétaire de l’Unité de Recherche. Mais je tiens à rendre hommage à David Juste, qui a été le premier secrétaire de l’Unité de Recherche en Histoire Médiévale, sous la direction de Jean-Pierre Devroey, au moment où l’Unité à été fondée.

Stéphane Lecrignier : Benoît Beyer de Ryke, secrétaire de l’Unité de Recherche, est créateur du site internet.

Benoît Beyer de Ryke : Donc mon travail consiste au fond à soutenir un petit peu toute la logistique de l’Unité, c’est-à-dire simplement le courrier, je dirais, et tous les aspects très pratiques. Mais au-delà de ça, de seconder Alain Dierkens dans l’établissement des programmes et la gestion de l’Unité, et également la maintenance d’un site que j’ai pris l’initiative de créer pour cette Unité, un site internet dont on parlera tout à l’heure.

Stéphane Lecrignier : Alors je reviens vers vous Alain Dierkens. Est-ce qu’on peut avoir un exemple d’étude interdisciplinaire justement qui ferait intervenir plusieurs chercheurs ? Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple ?

Alain Dierkens : Alors dans les sujets qui font déjà l’objet de recherches de plusieurs disciplines d’histoire médiévale, il y a pas mal de choses déjà autour des images et de l’iconographie, mais surtout du langage particuliers des images, des rapports de l’image au texte, sujet qui fait intervenir évidemment non seulement l’historien d’art, mais aussi l’historien dans les rapports avec le texte, mais qui permet aussi d’aller bien au-delà d la simple juxtaposition d’information parce que il est évident que l’image propose un langage propre, qui n’est pas un langage de complémentarité mais qui est un langage qui fait appel à d’autres types de facultés, dans laquelle les philosophes peuvent également intervenir. C’est un sujet qui a donc fait l’objet de plusieurs exposés déjà. Un autre sujet sur lequel nous allons probablement travailler un peu plus, c’est un sujet relatif à la fidélité, au serment et à la trahison, faisant intervenir toute la notion de faux. Et déjà une série d’exposés avaient tournés sur cette question de falsification, de critiques du document. Et la critique du document est évidemment l’essence même d’une approche pointue, mais est aussi, dans la démarche même du faussaire, dans l’insertion du faux dans la société, une manière de faire intervenir une réflexion tout à fait globale.

Stéphane Lecrignier : Est-ce que c’est facile de faire travailler ensemble des chercheurs qui ont des méthodes très différentes, et des formations qui sont quelquefois très différentes ?

Alain Dierkens : Ce n’est assurément pas facile si l’on veut que les choses marchent remarquablement au niveau de projets de longue halène, mais si le but est d’abord et avant tout d’ouvrir les perspectives, de faire se rencontrer des chercheurs, des jeunes doctorants, des enseignants, et de les faire dialoguer véritablement, alors la chose est non seulement simple mais extrêmement agréable.

Stéphane Lecrignier : Vous nous disiez tout à l’heure que les philologues n’avaient pas pour l’instant répondu à l’appel. Vous attribuez cela à quoi ? Une espèce de crainte par rapport au fait de se frotter à des chercheurs d’autres disciplines ? Ou simplement un manque d’intérêt ?

Alain Dierkens : Je crois que c’est surtout parce que les contacts humains nécessaires et indispensables à ce genre d’effort n’ont pas encore porté leurs fruits et que, par ailleurs, la littérature médiévale à l’Université de Bruxelles est depuis quelques années en crise, en tout cas à mon sens, non pas qu’il n’y ait pas d’enseignants remarquables, mais que la littérature médiévale a occupé une place considérable dans l’historiographie, dans la formation même des études de romanes à l’ULB, il y a de cela une vingtaine d’années, et que des restrictions et des nouvelles orientations ont fait qu’on se trouve devant une redéfinition nécessaire de la chose. Je crois qu’il ne faut pas aller au-delà de ce constat.

Stéphane Lecrignier : Est-ce que cela pourrait à terme modifier la manière dont est organisé l’enseignement ? Parce qu’ici on parle de recherche, l’intérêt apparaît relativement évident. Est-ce qu’il faut s’attendre à terme à une autre façon d’enseigner, par le fait de ces contacts interdisciplinaires ? Est-ce que cela va changer quelque chose pour l’étudiant, au fond c’est cela la question ?

Alain Dierkens : Je ne crois pas qu’il faille mélanger les genres. Ici, il s’agit d’une Unité de Recherche, donc qui traite surtout de recherche (c’est une lapalissade). L’enseignement bénéficie évidemment de l’ouverture de réflexion qui est suscitée dans l’esprit de tous les membres de l’Unité, de ceux en tout cas qui souhaitent participer activement aux travaux. Mais le but de l’Unité n’est assurément pas de faire de l’enseignement, le but est d’être un point de convergence, de réunions de chercheurs. Et le site internet qui a été créé à l’initiative de Benoît Beyer est assurément un instrument de travail qui va dans ce sens-là. Que les étudiants en bénéficient, forcément ils bénéficient toujours de la qualité des relations de leurs enseignants et des découvertes qui sont faites à cette occasion-là.

Stéphane Lecrignier : On va en venir au site internet, mais encore une question. Est-ce que cela facilite les contacts avec les universités étrangères, le fait de créer ce genre d’Unités et de favoriser l’interdisciplinarité, est-ce que cela favorise les relations, et la constitution de réseaux, en tout cas de contacts ?

Alain Dierkens : Dans un premier temps, ce n’était pas le but de l’affaire. On a commencé par essayer de créer des habitudes de travail en commun, et donc c’était le point sur lequel Jean-Pierre Devroey a été le plus clair et extrêmement efficace. Alors maintenant, une nouvelle dynamique apparaît, notamment grâce à Benoît Beyer, et il est évident que la création du site est quelque chose qui visibilise les recherches en histoire médiévale en général, donc facilite la recherche. Et comme parallèlement, s’est créé un Réseau, une fédération des médiévistes francophones de Belgique [le Réseau des Médiévistes Belges de Langue Française, RMBLF, groupe de contact du FNRS], dans laquelle Benoît Beyer est extrêmement actif aussi, il y a un point de contact et de convergence tout à fait utile. Ce n’est pas le but premier de l’Unité de Recherche, mais c’est sûrement qui va nous aider à réfléchir mieux.

Musique : La Danse à la Cour des Ducs de Bourgogne (XV, La Maurache, Instruments médiévaux et voix, dir. Julien Skowron, Arion, 1988 [ARN 68052].

Stéphane Lecrignier : Est-ce que ce n’est pas un peu céder à une mode que de faire un site internet ?

Benoît Beyer de Ryke : Je crois effectivement que c’est peut-être céder à une mode. Je ne suis pas de ceux qui pensent que l’Internet résoudra tout et que c’est la panacée universelle. Je pense qu’il est bon de se garder à la fois de la technophilie, d’un goût trop prononcé pour la technique, et également de la technophobie. Et je recommanderais en tout cas, aux auditeurs qui le désirent, qui sont intéressés par le sujet, de lire par exemple les travaux de Philippe Breton, qui est un sociologue, chercheur au CNRS, et qui a écrit des travaux très intéressants qui gardent le juste milieu, je dirais, entre l’exaltation et le rejet. Il a écrit Une histoire de l’informatique qui fait autorité, au Seuil dans la collection « Points Sciences ». Mais il a également écrit un ouvrage qui s’appelle L’utopie de la communication, et qui a mon sens est extrêmement salutaire dans cette époque un peu euphorisante par rapport justement aux attentes relatives à cet outils nouveau que représente l’Internet. Maintenant, il ne faudrait pas non plus bouder cette possibilité qui est offerte de donner de la répercution aux travaux (travaux qui sont bons me semble-t-il) effectués ici à l’Université, et le site internet de l’Unité de Recherche en Histoire Médiévale (URHM) permet justement un plus grand écho peut-être, une plus grande visibilité, et c’est une caisse de résonance justement pour l’extérieur.

Stéphane Lecrignier : C’est une vitrine pour l’extérieur de ce qui est fait à l’intérieur ?

Benoît Beyer de Ryke : Je pense que c’est une vitrine. Alors, en ce qui concerne l’utilisation qu’il est possible de faire de l’Internet dans le cadre d’études médiévales, je crois qu’on peut distinguer plusieurs aspects. Il me semble que dans les sites qui sont constitués jusqu’à présent, les sites qui peuvent aider le médiéviste dans son travail, il en est de deux types. Si vous voulez, je peux peut-être définir ces types. Il y a des sites à mon sens qui apportent un matériau, qui apportent vraiment une documentation, et ceux-là sont extrêmement rares. Des sites qui apportent quelque chose qui ne se trouve pas ailleurs.

Stéphane Lecrignier : Par exemple, on met des documents à disposition sur un site, c’est cela ?

Benoît Beyer de Ryke : C’est ça, on met des documents à disposition. Il existe par exemple des sites qui présentent des textes en ligne, des textes qui parfois sont édités, parfois ne sont pas édités, ou parfois d’accès difficile, donc là il y a un intérêt véritable. Parfois c’est un matériau tout à fait original. Je citerais par exemple le site d’un autre chercheur de l’ULB, Jacob Schmutz [devenu depuis maître de conférences à la Sorbonne], qui a composé un site qui s’appelle Scholasticon [http://www.ulb.ac.be/philo/scholasticon/], et qui propose un répertoire bio-biliographique d’auteurs de la scolastique moderne qui ne se trouve nulle part ailleurs. Donc voilà un site qui présente des matériaux. Je citerais également le site de l’ARTEM à Nancy, le site de l'Atelier Vincent de Beauvais [http://www.univ-nancy2.fr/MOYENAGE/VincentdeBeauvais/vdbeau.htm], qui propose de lire en ligne, ou de consulter en ligne certains textes de Vincent de Beauvais, qui est donc un grand encyclopédiste médiéval. Il en est d’autres. Et à côté de ces sites qui présentent vraiment un matériau original, qui présentent des documents, il y a aussi toute une série de sites d’informations, ou sites d’institutions, et c’est le cas du site de l’Unité de Recherche en Histoire Médiévale, qui ne propose pas véritablement un matériau original, mais qui se veut à la fois un guide pour ceux qui veulent entrer dans l’Internet médiéval, puisqu’il y a toute une série de connexions, toute une série de liens qui sont établis vers des bibliothèques, vers d’autres institutions, vers des sites d’intérêt général pour les études médiévales, et c’est donc dans cette catégorie-là que se place le site de l’URHM. Maintenant, pour un étudiant ou pour un médiéviste qui voudrait utiliser l’Internet, ou qui se demanderait ce qu’il peut trouver ou quel est le profit qu’il peut en tirer, je dirais que ce profit est avant out pratique, est avant tout de faciliter les contacts et de faciliter l’obtention d’informations pratiques. Par exemple, vous cherchez le nom ou l’adresse de telle personne qui s’occupe du même sujet que vous ou avec qui vous voulez prendre contact, eh bien très rapidement, très facilement, vous pouvez trouver ses coordonnées et lui écrire. Donc ça, c’est une des utilisations. Vous voyez, c’est très modeste, mais cela facilite malgré tout le travail. Vous pouvez aussi utiliser l’Internet pour une recherche bibliographique (consultation de catalogues en ligne). Egalement pour la recherche sur un sujet précis. Il existe des sites qui fédèrent tout ce qui se fait sur le Moyen Age, je pense à un site français qui s’appelle Ménestrel [Médiévistes sur l'Internet / Sources, Travaux, Références enligne; http://www.ccr.jussieu.fr/urfist/mediev.htm] et qui reprend une sorte de panorama critique de tout ce qu’on peut trouver de sérieux sur le Moyen Age. Parce que la grosse difficulté évidemment avec l’Internet, c’est de faire le tri. On est confronté à une masse d’informations : si vous tapez « Moyen Age » dans un moteur de recherche, vous allez être perdu parce que vous aurez des centaines et des centaines de références, sérieuses et pas sérieuses souvent. Donc l’intérêt c’est de faire un tri, et le site de l’Unité de Recherche permet par exemple un premier tri, une première sélection de sites dans la catégorie « Liens utiles ».

Stéphane Lecrignier : Et donc vous proposez toute une série de liens possibles qui feront gagner du temps au fond à celui qui recherche des informations et qui lui permettront d’aller plus vite au but.

Benoît Beyer de Ryke : C’est cela. Ca, c’est donc un des aspects du site.

Stéphane Lecrignier : Vous parliez des sites qui proposent des documents. Outre d’éviter de se déplacer pour le chercheur qui souhaite lire un texte, est-ce qu’il y a d’autres avantages liés au site internet ? Ca permet d’avoir le texte tout de suite, mais à part cela, est-ce qu’il y a d’autres avantages par rapport à la recherche elle-même ? Est-ce qu’il y a des techniques qui viennent en propre de l’informatique ?

Benoît Beyer de Ryke : C’est-à-dire que je crois que de toute façon que l’Internet ne remplace pas le travail en bibliothèque, cependant il existe quelques avantages. A partir du moment où l’on dispose des textes effectivement, on peut faire des études d’occurrence de termes, ce genre de choses, passer d’un document à l’autre grâce aux liens hypertextes. Mais fondamentalement, je ne crois pas qu’il y ait un avantage considérable à lire les documents sur un écran plutôt que de les consulter en bibliothèque. Et du reste, il n’existe pas encore beaucoup de documents et beaucoup de textes qui sont consultables via l’Internet.

Musique : La Danse à la Cour des Ducs de Bourgogne (XVe-XVIe siècles), La Maurache, Instruments médiévaux et voix, dir. Julien Skowron, Arion, 1988 [ARN 68052].

Benoît Beyer de Ryke : Nous avons donc une première section, qui s’intitule « Dernière minute », et qui permet d’être informé du programme de l’Unité de Recherche pour le mois ou les mois à venir, c’est-à-dire les conférences et les autres activités organisées. Rubrique dans laquelle on trouve aussi l’écho de ce qui se fait en histoire médiévale à l’ULB, et parfois également pour des universités proches, qu’il s’agisse de Louvain, de Liège, à partir du moment où l’information nous est communiquée.

Stéphane Lecrignier : Une espèce d’agenda.

Benoît Beyer de Ryke : Une espèce d’agenda exactement. Un agenda, mais spécifiquement orienté vers les études médiévales. On a une seconde section qui s’intitule « Objectifs », et qui reprend simplement les statuts et les buts poursuivis par l’Unité de Recherche en Histoire Médiévale. Une troisième section sur les « Membres » de l’Unité. Il y en a une petite cinquantaine, c’est-à-dire tous ceux qui, à l’Université Libre de Bruxelles, s’intéressent à ou s’occupent d’études médiévales. Et ce site leur offre la possibilité de disposer en quelque sorte d’une page personnelle. C’est-à-dire que sont repris dans la section « Membres » des informations bio-bibliographiques sur chacun des membres : c’est-à-dire le parcours académique et les centres d’intérêt, les centres de recherche, ainsi qu’une sélection bibliographique.

Stéphane Lecrignier : Une sorte de carte de visite en quelque sorte. Si vous permettez, je vais me retourner vers vous Alain Dierkens. Vous étiez un familier des sites avant celui-ci, vous en consultiez régulièrement, des sites internet en général ou sur l’histoire médiévale en particulier ?

Alain Dierkens : Je dois bien avouer qu’en ce qui concerne mes recherches personnelles, Internet et l’informatique me sont d’une utilité modérée, et je ne suis pas un grand fanatique de ce type d’engins. Mais je dois bien reconnaître que le site de l’Unité de Recherche que Benoît Beyer a pris l’initiative de créer est un site extrêmement utile et impressionnant. Impressionnant notamment quant à la masse critique considérable qui est ainsi disponible, montrant notamment la vigueur des études médiévales à l’ULB. On le savait d’une certaine façon, mais le voir comme cela est extrêmement impressionnant. Et par ailleurs, on y trouve des renseignements qui ne sont regroupés nulle part ailleurs sur des points d’histoire médiévale ou de recherches médiévales à l’ULB, et ceci depuis plusieurs dizaines d’années, je pense au répertoire de mémoires ou des thèses qui font de ce site un véritable instrument de travail que je crois très utile.

Stéphane Lecrignier : C’est un outils. On y revient, quelles sont les autres rubriques, Benoît Beyer, qu’on peut trouver actuellement. « Etudes médiévales », alors ce sont des thèses de doctorats, des mémoires ?

Benoît Beyer de Ryke : Voilà, Alain Dierkens faisait référence à la liste des mémoires et des thèses qui est consultable dans la quatrième section intitulée « Etudes médiévales ». On y trouver à la fois le sujet des séminaires de l’année, la liste des doctorats, la liste de mémoires, et également l’ensemble des cours qui sont proposés à l’ULB, selon une répartition qui avait été faite une première fois par David Juste, en « Histoire », « Histoire de l’art et archéologie », « Langues et littératures », « Philosophie », « Religion », et « Sciences auxiliaires de l’histoire ». Pour quelqu’un qui voudrait savoir quels sont les cours sur le Moyen Age qui sont proposés à l’ULB, eh bien il peut se reporte au site où tous ces cours sont classés. Alors, il y a une cinquième section qui s’intitule « Historique », et qui reprend l’ensemble des activités, des conférences plus exactement, qui ont été proposées dans le cadre de l’Unité de Recherche depuis sa fondation en 1996 jusqu’à aujourd’hui, c’est en quelque sorte les archives de l’Unité de Recherche [on y trouvera aussi à l’avenir les textes ou les résumés des conférences]. Et la sixième section dont on a déjà parlé, « Liens utiles ». Mais je crois que je n’ai pas dit quels étaient les sous-sections de cette sixième partie. Il y a donc une première partie qui porte sur « L’Internet médiéval », avec une série de sites qui figurent avec un petit commentaire chaque fois pour expliquer ce qu’on peut y trouver, et ce sont des sites d’intérêt général pour le médiéviste, une seconde section ou sont reprises les institutions et autres unités de recherche [« Autres institutions et unités de recherche »], une troisième section reprenant un « Annuaire des universités », et enfin, une quatrième section avec des liens vers des catalogues de « Bibliothèques », ce qui facilite là-aussi le travail. On peut y accéder notamment aux bibliothèques de l’ULB, de l’UCL, de la KUL, à la Bibliothèque Royale, à la BnF, etc. Il est très facile à partir de là de consulter les catalogues de ces différentes bibliothèques, y compris la Bibliothèque du Vatican (la Vaticane), la Bodleian, donc toute une série de bibliothèques. C’est vraiment un outils qui devrait faciliter la consultation des catalogues.

Stéphane Lecrignier : Je vois là quelque part une petite enveloppe. Si je clique là-dessus, j’envoie un message, je l’envoie à qui ?

Benoît Beyer de Ryke : Effectivement oui, si vous cliquez sur l’enveloppe, vous envoyez un message et c’est soit moi, soit Alain Dierkens qui répondra, mais je pense que dans la plupart des cas ce sera moi. Et vous pouvez effectivement soit envoyer un message pour nous informer d’activités relatives au Moyen Age, soit pour demander des informations concernant les activités de l’Unité de Recherche, ou si vous souhaitez être repris dans le mailing, enfin dans le courrier, qui est envoyé aux différents membres ou aux gens intéressés.

Musique : La Danse à la Cour des Ducs de Bourgogne (XVe-XVIe siècles), La Maurache, Instruments médiévaux et voix, dir. Julien Skowron, Arion, 1988 [ARN 68052].

Stéphane Lecrignier : Est-ce qu’on trouve sur ce site des choses telles que des comptes-rendus de conférences, ou des choses comme cela ? Ou même des comptes-rendus d’ouvrages ?

Benoît Beyer de Ryke : Non, pour le moment, il n’est pas prévu de faire figurer des comptes-rendus de conférences [le site est en évolution constante et, à partir de mai 2001, les comptes-rendus ou les résumés de conférences figureront sur le site] ou des comptes-rendus d’ouvrages. Disons que, pour le moment, cela reste un site qui est avant tout un site d’information et de « publicité » au sens noble du terme, c’est-à-dire de rendre publiques les activités de l’Unité de Recherche.

Stéphane Lecrignier : C’est faute de temps ou vous ne l’envisagez pas ?

Alain Dierkens : Je crois qu’il ne faut pas mélanger les genres. Il existe une fédération des médiévistes francophones de Belgique [le Réseau des Médiévistes Belges de Langue Française, RMBLF, groupe de contact du FNRS] qui fait un travail tout à fait excellent, qui va publier incessamment un annuaire, qui se fait l’écho de toute une série de choses. Il ne s’agit pas pour nous de les remplacer ou de se superposer à eux. On est autre chose. Par ailleurs, les comptes-rendus d’ouvrages, il y a des revues spécialisées pour cela et je crois véritablement qu’il y a plus urgent et qu’il ne sert à rien de multiplier ce type d’informations. Le site qui a été créé maintenant par Benoît Beyer est tout frais, il est tout jeune, c’est un site qui doit encore vivre. Vous avez demandé (hors antenne) combien il y a de connexions, il est évidant que c’est le type même de donnée qui évolue tous les jours en fonctions des réactions qui peuvent être obtenues ça et là. Donc, c’est un instrument de travail, de connaissance, de diffusion, qui en est à ses balbutiements, mais des balbutiements déjà extrêmement impressionnants. Et les échos qu’on a eu sont unanimement positifs. Et au-delà des paroles de gentillesse, je crois que véritablement c’est un site qui remplit vraiment une place utile, indispensable dans la recherche en histoire médiévale. Moi je crois qu’il faut insister sur l’initiative individuelle qui a été prise là-dedans. Il est bien évident que c’est Benoît Beyer qui a estimé que comme secrétaire de l’Unité, il était bon, utile, de créer ce site. Et cela ne fait pas partie d’une politique générale de l’Université ou de la Faculté. C’est quelque choses qui s’inscrit bien sûr dans une logique de temps, dans une logique de recherche, une logique de contacts, mais qui émane de la volonté d’un secrétaire dynamique.

Stéphane Lecrignier : Vous disiez tout à l’heure qu’il est parfois difficile de distinguer ce qui est sérieux de ce qui ne l’est pas. Quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui va brancher son ordinateur et qui va se lancer dans une recherche ? Qu’est-ce qui permet de distinguer ce qui est sérieux et ce qui ne l’est pas ? Il faut qu’il y ait le nom d’une université au départ ?

Benoît Beyer de Ryke : Je crois qu’il est intéressant de partir de sites qui font une sélection de sites. Dans un premier temps, à mon sens, c’est le meilleur moyen de faire la sélection. Pour le reste, je crois que cela se sens aussi. Il ne faut pas être grand clerc pour voir qu’un site est farfelu ou qu’il s’agit d’un site sérieux. Mais dans un premier temps, je conseillerai évidemment à l’étudiant médiéviste de partir, pourquoi pas, du site de l’Unité de Recherche, et de partir des liens qui sont établis, et à partir de ces liens, découvrir d’autres sites. Et puis à ce moment-là, s’il estime que d’autres sites sont mieux faits ou plus intéressants pour ses recherches, de les prendre pour bases de départ pour des recherches dans l’Internet. Mais il me semble intéressant d’avoir des supports, d’être dans le cadre de structures critiques qui établissent déjà une sélection, parce que, encore une fois comme je le disais tout à l’heure, si vous tapez « Moyen Age » ou « Cathares » ou « Chevaliers », vous allez tomber sur une série impressionnante de sites qui, pour la plupart, sont soit farfelus, soit fort peu intéressants.

Stéphane Lecrignier : Alors, dans le même ordre d’idée, je me tourne vers le professeur Alain Dierkens. Lorsque dans un mémoire vous voyez en références des adresses URL, des sites internet, comment vous considérez cela ?

Alain Dierkens : En histoire médiévale de toute façon, la base du travail est le recours aux sources. Et le recours aux sources, ce sont les archives, les publications de textes, et celles-là, on peut y avoir accès comme on veut. Cela peut être éventuellement par des banques de donnés qui soient bien faites, mais de toute façon ce qui est important, c’est la bonne édition ou la référence à la source d’archive. Alors, qu’on passe par un serveur informatique ou pas m’est indifférent. Mais ce qu’il faut, c’est d’avoir recours au texte, et au texte original. Le reste est une question presque de commodité d’accès. L’ordinateur ne se substitue évidemment pas à quelque travail critique que ce soit. C’est un moyen qui facilite l’accès à certains documents mais ne remplace en aucun cas un travail historique sérieux, que l’on peut faire par ordinateur, par lecture simple, et par recours immédiatement à des documents de base. Donc pour moi, avoir dans la bibliographie des sites internet, je n’y vois aucune objection. Mais en soi, je dois dire que c’est tout à fait secondaire par rapport à la discipline de base, qui est de retrouver les bonnes sources, les bonnes informations, et d’en faire la critique. Il y a un travail incontournable, qui est un travail de fond. Et quand un étudiant fait sa bibliographie sur Internet, on peut être sûr qu’il ne l’a pas bien faite. Parce que rechercher une bibliographie pour un travail ne s’improvise pas, et les catalogues de bibliothèques ne remplacent pas les instruments de travail bibliographiques performants. Il ne faut pas confondre les genres. L’informatique, c’est évidemment extrêmement pratique, utile, tout ce que l’on veut, mais ne dispense en aucun cas un travail de fond et de réflexion.

Stéphane Lecrignier : Voilà, le mot de la fin à Alain Dierkens. Merci à lui, et à Benoît Beyer de Ryke, de nous avoir présenté le site internet de l’Unité de Recherche en Histoire Médiévale (URHM), un site dont voici l’adresse : www.ulb.ac.be/philo/urhm. Vous pouvez aussi y accéder rapidement via le site de l’ULB, puisque c’est là qu’il se trouve hébergé. Voilà, nous nous quittons avec l’ensemble La Maurache qui nous a accompagné pour cette émission, un ensemble qui regroupe des musiciens spécialisés dans l’interprétation de musiques du Moyen Age et de la Renaissance. Un disque du label Arion. C’est un choix de Benoît Beyer de Ryke. Merci de votre fidélité.

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